Une semaine à Terre-Neuve

En août, nous sommes partis pour Terre-Neuve. Bien que nous n’avions qu’une semaine pour visiter l’île, nous nous sommes lancés dans ce long voyage. L’attrait était tout simplement trop grand : des paysages impressionnants, sur une île immense, peu habitée et trop éloignée pour attirer les foules – le terrain de jeu parfait avec notre van.

Nous n’avons pas été déçus! Nous avons visité le parc national du Gros-Morne, l’un des plus beaux parcs nationaux du Canada. Nous nous sommes promenés le long de la côte de la péninsule de Bonavista. Nous avons observé des macareux et des saumons. Finalement, à St. John’s, la capitale, nous avons appris beaucoup de choses sur l’histoire de la province. En résumé, un road trip court mais tellement impressionnant.

En plus des paysages, ce qui est marquant c’est aussi les immenses distances à parcourir sur l’île. Il faut être prudent car on estime à environ 125 000 le nombre d’orignaux qui y résident !

Fun fact : Terre-Neuve un espace temporel singulier

Terre-Neuve a un fuseau horaire unique, identifié sous l’appellation NST (Newfoundland Standard Time) qui se distingue des autres provinces du Canada. Alors que les provinces de l’est suivent l’heure de l’Atlantique, d’où l’expression : « une heure plus tard dans les maritimes ! ». Par contre, Terre-Neuve, a toujours une demi-heure de plus que celles-ci.

Donc, lorsque l’horloge affiche midi à Québec, il est déjà 13h30 à Terre-Neuve.

Notre itinéraire

Jour 1:

Port-aux-Basques – Notre Dame Provincial Park (525 km)

Highlights : Salmonoid Interpretation Centre

Jour 2:

Notre Dame Provincial Park – Saint John’s (375 km)

Highlights : Signal Hill, Cape Spear und Downtown St. John’s

Jour 3:

Saint John’s – Bonavista – Clarenville (420 km)

Highlights : Trinity, Skerwink Trail et observer des Puffins

Jour 4:

Clarenville – Gander – Rocky Harbour (515 km)

Highlights : Musée de l’aviation et parc national de Gros Morne

Jour 5:

Rocky Harbour – Tablelands (75 km)

Highlights :Tablelands dans Gros Morne

Jour 6:

Tablelands – Western Brook Pond – Port-aux-Basques (450 km)

Highlights : Western Brook Pond dans Gros Morne

Comment se rendre à Terre-Neuve ?

L’île de Terre-Neuve est située loin des grandes villes canadiennes, au milieu du golfe du Saint-Laurent, à l’est du Canada. Le moyen le plus simple d’atteindre l’île est l’avion. Depuis chaque grande ville canadienne, il existe un vol vers St. John’s, la capitale de la province de Terre-Neuve-et-Labrador. Cependant, nous voulions explorer Terre-Neuve avec notre Sprinter. Il ne nous restait donc qu’à prendre le traversier…

Le ferry pour Terre-Neuve part de North Sidney, au nord-est de la péninsule du Cap-Breton, en Nouvelle-Écosse. À partir de la ville de Québec, il faut conduire environ 1 200 km pour arriver au port ! La route traverse des forêts à perte de vue. Pendant les 12 heures, nous passons devant seulement deux villes de plus de 50 000 habitants : Fredericton (environ 60 000) et Moncton (environ 80 000). Pas besoin de mentionner que nous n’avons pas eu de problème de trafic.

Notre traversée vers Port-aux-Basques, sur Terre-Neuve, a été une expérience en soi. Il nous a fallu environ 8h heures pour atteindre l’île. Une autre option aurait été d’aller à Argentia, qui est plus proche de la capitale St. John’s, mais la traversée dure 16h. Sachant que l’Atlantique Nord est très agité, nous avons choisi le trajet direct afin de se donner toutes les chances avec le mal de mer.

Nous sommes montés à bord du ferry à 23 heures et avons cherché un endroit confortable pour la nuit. Les fauteuils sont grands et rembourrés, avec beaucoup de place pour les jambes. Certaines personnes avaient même apporté des matelas gonflables et s’installaient confortablement entre les rangées. Il faut mentionner qu’il avait des bonnes vagues, mais l’expérience au niveau espace est beaucoup plus agréable qu’un vol de nuit.

Nous n’avons pas pu nous empêcher de comparer la distance que nous pourrions parcourir dans le même temps. De Québec à Paris, il faut moins de 7h. Ce n’est donc pas étonnant que de nombreux canadiens connaissent mieux l’Europe que leurs propres provinces.

Ferry vers Terre-Neuve

Saint John’s, l’endroit le plus à l’est de l’Amérique du Nord

Saint John’s est la capitale de la province de Terre-Neuve-et-Labrador. Elle est située au sud-est de l’île à environ 900 km du port de Port-aux-Basques, soit encore environ 9 heures de route jusqu’au bout de la Transcanadienne.

La ville est l’une des plus anciennes colonies européennes d’Amérique du Nord. Grâce à son port protégé et à sa situation à l’est, donc proche de l’Europe, elle a longtemps été considérée comme stratégique.

Nous nous sommes promenés dans le centre-ville, qui compte 110 000 habitants. St John’s se distingue par les façades colorées des anciennes maisons mitoyennes. Une partie particulièrement connue est appelée « Jelly Bean Row ». On dit que les couleurs servaient à ce que les pêcheurs retrouvent leur maison même en cas d’épais brouillard.

Bien entendu, nous n’avons pas manqué les spécialités culinaires de St John’s. Au restaurant Saltwater, nous avons mangé un délicieux fish & chips et des Lobster Rolls très copieux. Nous avons accompagné le tout de la bière Iceberg de la brasserie Quidi Vidi, brassée avec l’eau des icebergs. La bière n’a pas de goût particulier, mais où peut-on boire de la bière d’iceberg ?

Statues des célèbres races de chiens de la province – Terre-Neuve et Labrador
Jelly Bean Row
Vue sur le port de St. John’s

Signal Hill

Signal Hill est une colline de Saint John’s d’où l’on a une vue imprenable sur la ville et le port. Nous avons eu la chance d’y être par temps clair et nous avons pu voir jusqu’au phare de Cape Spear. Cette colline était autrefois un poste militaire britannique qui protégeait le port. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle a également été utilisée par les soldats américains. Nous avons vu quelques canons et des répliques de cabanes de soldats. En raison de son histoire, Signal Hill est un lieu historique national de Parcs Canada, nous avons donc pu bénéficier d’une visite guidée par un ranger (une de nos activités préférées !).

La colline a également été le lieu de réception du premier signal radio transatlantique. La tour Cabot, qui se trouve sur la colline, abrite un musée consacré à cette expérience et à son inventeur, Guglielmo Marconi.

Vue sur Cape Spear
Cabot Tower sur Signal Hill

Cape Spear

Cape Spear était notre prochaine destination. D’ici, on a une vue fantastique sur l’Atlantique ouvert. Le cap est également un site historique national en raison du plus ancien phare conservé de la province et d’une installation de défense datant de la Seconde Guerre mondiale.

Cape Spear est surtout connu car il est le point le plus à l’est de l’Amérique du Nord. Cela signifie que d’ici, on peut voir le premier lever de soleil sur le continent.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, il y avait ici une installation défensive qui défendait le port de Saint John’s. Nous avons vu quelques-uns des canons et bunkers encore en place et en avons appris davantage sur le rôle de Cape Spear pendant la guerre.

Le point le plus à l’est
Phare à Cape Spear

Trinity et la péninsule de Bonavista

Après St. John’s, nous avons visité la péninsule de Bonavista. C’est ici que l’on découvre Terre-Neuve comme on se l’imagine : des côtes déchiquetées, des petits villages de pêcheurs et, avec un peu de chance, des baleines et même des icebergs.

Trinity

Notre premier arrêt était Trinity, à environ trois heures de Saint John’s. Trinity est un ancien village de pêcheurs situé dans une baie protégée, qui a su mettre en valeur sa situation idyllique pour le tourisme. On y trouve quelques petits hôtels, restaurants et de petites entreprises qui proposent des excursions pour observer les baleines. Dans le restaurant très fréquenté de la marina, nous avons mangé de la délicieuse chowder, une soupe crémeuse à base de poisson et de crabe.

Depuis Trinity, on a une belle vue sur Trinity East, de l’autre côté de la baie. On y voit plusieurs maisons de pêcheurs typiques, parfois peintes de couleurs vives, réparties sur la colline.

Vue surTrinity East

Le Skerwink Trail

Il vaut également la peine de se rendre de l’autre côté, à Port Rexton, et d’emprunter le sentier côtier Skerwink Trail. Le sentier fait environ quatre kilomètres et offre des vues à couper le souffle le long de la côte. En chemin, nous avons rencontré des locaux qui nous ont aider à repérer les souffles de baleines.

Patrick dans le Skerwink Trail
Vue sur Trinity

Puffins

Après la randonnée, nous avons continué vers Elliston, à la pointe de la péninsule. En bordure du village, une colonie de macareux moines est visible sur une petite île. En anglais, on les appelle Puffins, ce qui rend tout à fait justice à ces adorables oiseaux aquatiques emblème de la province. Nous avons observé avec fascination comment les puffins se déplaçaient lentement vers le bord de la falaise avant de plonger courageusement vers la mer. Nous avons terminé notre journée en observant une autre colonie de puffins au phare de Cape Bonavista, à l’extrémité de la péninsule, à environ 20 minutes d’Elliston.

Puffins – prêt pour le saut
Vue du Puffin Viewing Point d’Elliston

Parc national de Gros Morne

Le point fort de Terre-Neuve est, selon nous, le parc national du Gros Morne. Le parc se trouve au nord-ouest de l’île, à plus de 7 heures de route de St. John’s. Il protège un paysage côtier unique. Nous avons observé de nombreux points de vue et fait des belles randonnées, mais les deux principaux attraits du parc sont l’étang Western Brook, un fjord entre des falaises de 600 mètres de haut, et les Tablelands, une chaîne de montagnes composée de roches du manteau terrestre.

Ce parc national, c’est LA raison d’aller à Terre-neuve!

Vue sur Gros-Morne

Tablelands

Aux Tablelands, nous nous sommes retrouvés pour une visite guidée avec un ranger de Parcs Canada. Il nous a expliqué en détail la géologie de ce phénomène particulier, qui ne peut être observé qu’à deux autres endroits dans le monde, encore plus reculé.
En août, lorsque nous étions à Terre-Neuve, le paysage était en grande partie recouvert de conifères vert foncé, mais les Tablelands se distinguaient par leur austérité brune et dorée. La roche provient du manteau terrestre et a été amenée à la surface de la terre par des mouvements tectoniques. La forte teneur en fer des roches explique la couleur rouille. On marche donc sur le manteau terrestre, la couche intermédiaire entre le noyau terrestre et la croûte terrestre, qui est normalement bien loin sous nos pieds.

Cette roche est toxique pour la plupart des espèces végétales, mais le guide a attiré notre attention sur ces artistes de la survie. Il nous a montré différentes espèces de plantes carnivores qui ne tirent pas leurs nutriments du sol, mais des insectes.

Les Tablelands font partie, à notre avis, des paysages les plus impressionnants que les parcs nationaux canadiens ont à offrir.

À la limite des Tablelands
Vue sur les Tablelands à partir du Skyline Trail

Une promenade en bateau dans l’étang de Western Brook

Le Western Brook Pond se trouve à environ 20 minutes au nord de Rocky Harbour. Le fjord est accessible que par un chemin de 3 km à partir du parking qui ne peut être parcouru qu’à pied ou à vélo. Nous avons fait une promenade détendue sous un soleil radieux.

Il y a des temps ancinens, les parois abruptes du fjord ont été formées par des glaciers. Lorsque ceux-ci ont fondu, le sol s’est soulevé en raison de la perte de poids et le fjord a été coupé de la mer.

Au bout du chemin se trouve un kiosque de Parcs Canada avec une grande terrasse d’où l’on peut déjà admirer les hautes falaises. C’est là qu’une excursion en bateau permet de traverser au complet le fjord d’environ 16 kilomètres de long. Nous recommandons à tous ceux qui viennent au parc national de Gros-Morne de réserver cette excursion afin de profiter des impressionnantes vues. Nous avons grandement aimé cette activité.

Le bateau prêt à l’embarcement
Dans le fjord Western Brook Pond

Autre attractions

Gander

Dans la petite ville de Gander, nous avons visité le North Atlantic Aviation Museum. Il s’agit d’un petit musée sur l’histoire fascinante de l’aéroport de Gander.

Gander a été créé dans les années 1930 pour soutenir les vols transatlantiques. Les avions faisaient une escale et poursuivaient leur vol vers leur destination finale. De nombreuses stars mondiales et hommes politiques de l’Ouest et de l’Est passaient par cette importante plaque tournante située au milieu de Terre-Neuve. L’importance de l’aéroport a diminué avec l’augmentation de la porté des avions éliminant ainsi le besoin de ravitaillement.

Aujourd’hui, des contrôleurs aériens travaillent toujours à Gander. Ils sont les premiers contact pour les pilotes d’un vol en provenance d’Europe après le silence de l’Atlantique. Après les attentats terroristes du 11 septembre 2001, lorsque l’espace aérien des États-Unis a été fermé, de nombreux vols ont été détournés vers des aéroports canadiens. Presques tout les avions encore au-dessus de l’Atlantique se sont rendus directement à Gander. Cette ville de moins de 10 000 habitants a dû soudainement prendre en charge et héberger plus de 6 000 passagers bloqués et ce pendant plusieurs jours. De nombreux citoyens ont apporté leur aide en mettant leur logement à disposition. C’est très émouvant et inspirant ! Lufthansa a même donné le nom d’Halifax et de Gander à un avion, une pratique habituellement réservée aux villes allemandes, en guise d’hommage pour l’aide remarquable que l’équipage et les passagers ont reçue de la part des habitants.

En une heure environ, on a tout vu dans le musée, mais cela était un bel arrêt sur notre trajet de la péninsule de Bonavista au parc national de Gros Morne.

Salmonoid Interpretation Centre

La petite ville de Grand Falls se trouve à environ une heure à l’ouest de Gander. Au Salmonoid Interpretation Centre, nous avons pu observer des saumons sauter en haut d’un escalier spécialement construit pour les aider dans leur long voyage. Arrivant directement de l’Atlantique, il viennent à cet endroit pour pondre. Nous avons été très impressionnés par la persévérance des saumons à se jeter dans le vide. Parfois, ils perdaient quelques marches à cause du courant, mais une nouvelle tentative était faite peu après.

C’est très visuel. La plupart des bassins sont ouverts et on peut observer les saumons d’en haut. Dans la cave du petit musée, on peut regarder dans l’un des bassins à travers une vitre. C’était très intéressant, nous n’avions jamais eu l’occasion d’observer des saumons dans leur habitat naturel.

Conclusion

Bien que nous n’ayons eu que peu de temps, certains diront trop peu pour une région aussi vaste, nous avons pu recueillir de nombreuses impressions inoubliables. Nous ne l’avons pas regretté.

Pour ceux qui débarquent à Port-aux-Basques et qui prévoient de passer à peu près le même temps à Terre-Neuve, nous leur conseillons de s’arrêter surtout au parc national du Gros-Morne. Pour quelqu’un qui aime la nature, c’est un grand terrain de jeu. On peut facilement y passer plusieurs jours.

Avec plus de temps, cela vaut la peine d’explorer les péninsules pour visiter des villages de pêcheurs typiques et, avec un peu de chance, observer des baleines et des icebergs.

Nous espérons que notre article vous a diverti et qu’il a peut-être éveillé votre intérêt pour Terre-Neuve. Faites-nous savoir si vous souhaitez vous aussi vous y rendre !

Un commentaire

  1. Très intéressant cela donne le goût d’aller à Terre-Neuve ! Beaucoup aimé la rubrique de votre itinéraire avec vos highlights !! Bien présenté et belles photos. Bravo à vous deux !!

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