Une nuit dans le parc national des Prairies

Pour de nombreuses personnes qui traversent le Canada, les plaines situées entre les lacs de l’Ontario et les Montagnes Rocheuses de l’Alberta sont un trajet monotone à travers des champs sans fin. La Saskatchewan, en particulier, semble n’offrir que peu d’attractions or, au sud de la province se trouve l’un des parcs nationaux les plus impressionnants du Canada.

Le parc national des Prairies était sur notre liste dès le début. Certes, il s’agit d’un long détour depuis la Transcanadienne, mais le paysage est complètement différent des chaînes de montagnes boisées que nous connaissons. L’herbe sèche recouvre des collines douces et des canyons abrupts. Aucun arbre procure de l’ombre et des bisons se promènent dans ce paysage aride.

Lorsque nous sommes arrivés au parc en début d’après-midi, la température était de 38°C, et ce, à la fin du mois de septembre. L’air était tellement sec que nous étions contents d’avoir fait le plein d’eau avant.

Le parc national des Prairies se divise en deux parties, Blocs Ouest et Est, distantes d’environ 150 kilomètres. Dans le Bloc Est, on peut se promener dans les Badlands et découvrir des fossiles, tandis que dans la partie ouest, les bisons sont l’attraction. Nous n’avions le temps que pour une seule section, nous avons donc opté pour le Bloc Ouest sachant que notre prochain arrêt était Dinosaure Provincial Parc dans les Badlands de l’Alberta.

Un peu d’histoire : Après la bataille de Little Big Horn contre l’armée américaine en 1876, le chef Sitting Bull et environ 4000 Sioux Lakota ont traversé la frontière pour se réfugier au Canada, dans les prairies au sud de la Saskatchewan. Leur présence a provoqué des tensions avec les Métis et les Blackfoot, qui vivaient également de la raréfaction des bisons. La police montée du Nord-Ouest, fraîchement formée, a réussi à maintenir la paix et à empêcher les Américains d’envahir le pays. Quelques années plus tard, les bisons étant trop peu nombreux, les Sioux affamés répondirent à l’amère invitation de se rendre dans les réserves en sol américain.

La faune

Dès l’entrée du parc, un bison nous a accueillis, ce qui nous fait immédiatement oublier le long voyage. En 2005, ces impressionnants animaux ont été réintroduits dans le parc national, environ 120 ans après que les bisons aient été exterminés par une chasse excessive. Il est aujourd’hui difficile d’imaginer qu’avant l’arrivée des Européens, des millions de bisons parcouraient les prairies.

Quelques centaines de mètres plus loin, nous avons rencontré une deuxième espèce caractéristique de la prairie : une colonie de chiens de prairie, l’une des dernières au Canada, vit ici. Des centaines de rongeurs s’agitent d’un trou de terre à l’autre, bien sûr sans faire attention aux voitures. La prudence est de mise alors que nous sommes les seuls dans le coin.

Il est bien sûr tentant d’aller voir de près les terriers des chiens de prairie mais ces tanières sont également habitées par des veuves noires, une espèce d’araignée venimeuse. Le parc national recommande de porter des pantalons longs et de les glisser dans ses bas. En raison des serpents à sonnettes, il est également conseillé de porter des bottes qui couvrent les chevilles.

Mais n’ayez pas peur ! Il suffit de faire attention où l’on met les pieds et de laisser les mains hors des habitations des chiens de prairie.

La colonie est le deuxième arrêt sur la route de gravier panoramique qui mène également au camping. À sept endroits sur l’Écocircuit, des arrêts incitent à se garer. De courts sentiers de randonnée mènent de la route à des points de vue et à des endroits particuliers. Des panneaux explicatifs fournissent des informations intéressantes sur le paysage, la faune et l’histoire des prairies.

Silence incroyable

Le bruit de la prairie, ou plutôt l’absence de bruit, nous a vraiment impressionné. Lorsque nous avons visité le parc national, nous avons rencontré très peu de visiteurs. De plus, il n’y a pas de forêt et la mer est bien sûr très éloignée. Les seuls bruits étaient nos pas sur les chemins poussiéreux et le vent léger. Nous avions l’impression d’être dans un vieux western, où la caméra suit un groupe lointain de cow-boys à cheval, et où l’on n’entend que la résonance sourde des sabots qui galopent.

La nuit, le silence est devenu presque désagréable. Quand avons-nous la chance de dormir dans un environnement totalement silencieux ? Nous avons certes entendu quelques hurlements de coyotes, mais cela contribuait plutôt à l’ambiance fantomatique. Le silence est pour nous l’un des points forts de notre nuit dans le parc national des Prairies.

Au camping

En raison de la pénurie d’eau, il n’y a pas de douches au camping. Les VR doivent remplir leurs réservoirs d’eau au préalable (par exemple au centre d’accueil à Val Marie). De plus, dès la première semaine de septembre, la fontaine d’eau potable est coupée pour remplir les bouteilles d’eau. En conséquence, il est primordial de se rendre au camping de la vallée Frenchman avec suffisamment d’eau.

Le camping est situé de manière idyllique dans une petite vallée au milieu de laquelle serpente un ruisseau – le Frenchman Creek. Le terrain est clôturé pour éviter qu’un bison ait l’idée de brouter à côté d’une tente par mégarde. Ici aussi les chiens de prairie sont présents en très grand nombre.

La nuit étoilée a également été une expérience inoubliable. Le parc est désigné comme réserve de ciel étoilée, car le ciel nocturne n’est pas pollué par la lumière artificielle. Nous sommes chanceux, il y a absence de nuage et de lune, nous avons pu admirer la Voie lactée.

Comment se rendre au parc national des Prairies

Le centre d’accueil du bloc ouest du parc national des Prairies à Val Marie se trouve à 120 kilomètres au sud de la Transcanadienne. Pour y arriver, il faut prendre la route 4 à Swift Current. Cette route de campagne, en ligne droite pendant des kilomètres, passe par des champs à perte de vue.

Avant de se rendre au parc proprement dit, il faut absolument se rendre au centre d’accueil de Val Marie. Outre le remplissage des réserves d’eau, les rangers du parc donnent des conseils sur les activités et le comportement à adopter dans la prairie. Il y a également un petit musée sur l’histoire et les particularités du parc national.

Depuis Val Marie, il y a environ 30 kilomètres jusqu’au camping dans le parc national des Prairies. La route passe par des chemins de terre et plusieurs barrières à bétail. Notre Sprinter a été assez malmené. Pour ne pas se faire peur sur ces routes désertes, il est préférable de se rendre au parc national avec un réservoir de carburant bien rempli.

Notre conclusion

Le lendemain matin, lorsque nous avons repris le chemin, nous avons rencontré plusieurs chevreuils et six bisons. Le dernier a bloqué la sortie pendant quelques minutes. Nous avons attendu patiemment à une distance raisonnable jusqu’à ce qu’il trotte hors du chemin.

Le long trajet parcouru pour notre visite du parc national des Prairies en valait la peine. Nous n’oublierons pas de sitôt les étendues infinies d’herbes sèche, la faune unique et les magnifiques couleurs du ciel.

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